Economiste, porteur de la chaire « Vin, Stratégies d’entreprises et Consommation durable » de l’Idex-Université de Bordeaux/ Région Nouvelle Aquitaine ; Directeur de recherche INRA et directeur adjoint à la recherche de l’Institut des Sciences, de la Vigne et du Vin (ISVV). Directeur scientifique de VINOVERT
Pourquoi ce projet est actuellement si important ?
Depuis plusieurs années, il existe une montée en puissance de la contestation sociale de l’utilisation des pesticides en viticulture. Cette contestation est liée à la santé des riverains et des viticulteurs, mais elle concerne également la suspicion sur la sécurité des produits alimentaires en général. Le vin n’échappe pas à ces enjeux, et la profession se doit d’y répondre, d’autant plus que sur bon nombre de marchés, notamment à l’export, il existe de fortes pressions pour plus de normalisation et de certification de responsabilité sociale et environnementale.
Le parti pris du projet VINOVERT est d’affirmer que cette responsabilité concerne autant le système productif que celui de la consommation. C’est pourquoi nous apportons une très grande importance à la mesure des arbitrages réels (et non uniquement déclaratifs) des consommateurs de vins, afin de mieux comprendre ce que pèsent les arguments de durabilité par rapport aux caractéristiques sensorielles ou même de marketing. Les stratégies ‘vertueuses’ des entreprises dépendent de la réponse à cette question, et en même temps d’une parfaite maîtrise des possibilités techniques de renforcement des pratiques environnementales et sanitaires.
Après, le problème est que la recherche de solutions techniques, mêmes rentables objectivement, ne suffit pas. Car il est souvent plus difficile de modifier les comportements et les routines d’entreprises que de faire la démonstration de l’efficacité globale de ces solutions proposées par la recherche. Il nous faut alors identifier les verrous comportementaux de modification des pratiques en viticulture, ce qui nécessite d’intégrer les sciences sociales aux dispositifs de partenariat recherche-entreprises.
Quelles sont les forces des partenaires de VINOVERT dans ce domaine ?
Le consortium VINOVERT s’appuie sur des laboratoires de recherche de très haut niveau et dans tous les domaines scientifiques abordés, que cela soit du point de vue de la recherche en viticulture, en œnologie ou en sciences sociales. Beaucoup de travaux ont déjà été effectués dans les laboratoires des disciplines concernées. Néanmoins relativement peu en véritable interaction disciplinaire, ce qui constitue une des deux originalités du dispositif proposé. Aucun travail ne sera fait isolément au sein d’un laboratoire sans interaction explicite avec les autres partenaires.
Le deuxième point important est la très forte mobilisation des entreprises sur ce projet pour participer concrètement aux expérimentations et aux problématisations des enjeux technico-économiques. Ce choix délibéré de recherche facilitera d’autant plus la diffusion des résultats obtenus auprès des professionnels.
Vinovert ce sera quoi ?
VINOVERT, un projet pour la filière viti-vinicole de l’espace SUDOE sur la période 2016-2019, afin de garantir la compétitivité des entreprises sur le long terme. Il s’agit d’anticiper la nouvelle demande pour une viticulture durable offrant des garanties de ‘naturalité’ et de responsabilité environnementale :
- Comprendre la réalité des arbitrages des consommateurs et des citoyens sur les enjeux pesticides, naturalité, responsabilité sociétale ;
- Développer concrètement sur le terrain des possibilités d’évolution de la viticulture et de l’œnologie tout en évaluant les (sur)coûts de production et les gains de productivité ;
- Expliciter les verrous comportementaux qui s’opposent aux demandes de rupture et les possibilités de réorientations institutionnelles et réglementaires.
Le projet VINOVERT, dont les grands principes sont décrits sur le figure 1, fait donc une large place à la recherche de solutions techniques, en mesurant les effets de ces solutions sur des indicateurs de performance environnementale et sanitaire. La rentabilité économique et la faisabilité organisationnelle viennent alors compléter le dispositif.
Figure 1 : Organisation scientifique du projet VINOVERT